Dans un monde idéal
- Etre une artiste
- Avoir mon nom en tête de l'affiche ou mon étoile sur Hollywood Boulevard
- Etre écrivain et avoir écrit "Dix Petits Nègres" ou son équivalent, restons modeste. Mon génie n'égalera ni ne dépassera jamais celui du maître.
- Avoir intégré les beaux-Arts
- Avoir intégré une école de design
- Etre conservatrice dans un musée
- Vivre de mes collages et autres bizarreries
- Avoir un métier à consonance artistique du style : décoratrice d'intérieur, ébeniste, réalisatrice multimédia, dessinatrice de BD, graphiste, WEB designer, directrice artistique, modiste, photographe, scénariste, comédienne, mixeuse etc.
- Etre l'auteur d'un blog BD et avoir une vie tout à fait fascinante comme Pénélope Jolicoeur
MAIS en lieu et place de mes souhaits, j'ai intégré une Ecole Supérieure de Commerce dite ESC et bien connue pour être le temple absolu de la créativité et de l'originalité. Toute tentative de formatage y est bien entendu bannie (#SentezVousL'ironieDansMesPropos). Je l'ai délibérément intégrée. En d'autres termes, j'ai toujours été libre de mes choix. J'étais jeune, j'étais bête et autrui m'avait sournoisement glissé à l'oreille que les métiers à consonance artistique ne nourrissaient pas son homme (ni sa femme d'ailleurs. Elle est sexiste cette expression, non ?). Pourtant au départ, c'était bien parti. Je suis passée par la case Hypokhâgne / Khâgne B/L (Lettres, Mathématiques et Sciences Sociales). J'aurais pu passer les concours de Science Po' et devenir journaliste, attachée culturelle ou ... faire de la politique (si, si, si, c'est un métier créatif en cherchant bien). En lieu et place de mes souhaits, j'ai pris option contrôle de gestion et Finance. La créativité version tableau excel. Remarquez, dans "tableau excel", il y a "tableau". J'essayais d'y mettre un maximum de couleurs histoire d'égayer la chose.
CEPENDANT je ne crache pas dans la soupe. A plus de 9000 euros l'année, ne soyons pas ingrats. Et puis, j'ai eu l'occasion de laisser libre cours à ma créativité. Par exemple, j'ai :
- Intégré le Bureau des Arts dit BDA et j'ai occupé la fonction de rédactrice en chef du journal de l'école. C'était loin d'être Glamour, Cosmo' ou le Monde. Certes :)
- Fait un stage de 1 an dit césure en contrôle de gestion opérationnel chez Hachette Livre (section jeunesse). Dans mes tableaux excel, il y avait Babar, Charlottes aux fraises et tous les Monsieur Madame. Plus créatif, tu meurs. Et puis, j'évaluais tous les nouveaux projets en collaboration directe avec les éditeurs.
- Plié bagages. Je suis partie faire un double diplôme de un an en Colombie.
- Atteri à 'La Universidad de Los Andes' où j'ai pris des cours qui me ressemblaient : gestion des entreprises culturelles, histoire de l'art, création d'entreprise, atelier d'innovation et capoeira. J'ai pris la tangente des conventions (et des cours chiants).
- Eté assistante de recherche et j'ai fait ma thèse de fin d'étude sur le théme suivant : "Artisanat et responsabilité culturelle".
AUJOURD'HUI, je suis récemment diplômée et mes secteurs de prédilection sont : l'art, la culture et le développement. Dans l'idéal, je partirais bien en mission humanitaire au fin fond du Zimbabwe et je développerais bien l'Afrique. Ma hantise ? Finir mes jours dans une banque ou dans les assurances ou dans un secteur que je considère comme soporifique (des goûts et des couleurs).
J'ai 25 ans (je trouve que c'est nul d'avoir 25 ans) et je voudrais pouvoir réinventer ma vie tous les jours parce que Carpe Diem.
Banjul - 20/01/12