Après l'Avarice et la Paresse, je sors de ma mauvaise humeur et de ma torpeur pour m'intéresser à la Gourmandise. Il y a quelques jours, je qualifiais à tort ce thème de léger. Voyez-vous chers lecteurs, j'imaginais que nous allions uniquement parler gâteaux, petits fours et thé à la menthe. En réalité, ce sujet se révèle être beaucoup plus complexe qu'il n'en a l'air. C'est pourquoi, je vous annonce un billet mi -figue, mi -raisin [deux billets en un, gourmandise oblige].

La figue

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JeanFan

En bonne petite blogueuse modèle, je me suis documentée sur le sujet (#genre). Je suis allée consulter mon ami Larousse (on est bien peu de choses et mon ami la Rose Larousse me l'a dit ce matin) qui m'a appris que le gourmand était celui qui aimait manger en quantité les bonnes choses, que le goinfre mangeait avec avidité et de façon répugnante et que le glouton mangeait beaucoup et avec avidité. Par ailleurs, je suis remontée à la source et j'ai appris que Thomas d'Aquin avait identifié cinq manières de pécher par gourmandise : praepropere ou mangé trop tôt, laute ou mangé trop coûteux, nimis ou mangé trop, ardenter ou mangé avec trop d'impatience et studiose ou mangé avec trop de goût (source : Vagazoun). Pour rappel, Thomas d'Aquin est aux Sept Péchés Capitaux ce que Charlemagne est à l'école. Au XIII ème siècle, il a établi la liste définitive de ces vices. J'ai ensuite brassé toutes ces informations pour en faire une compote plutôt amère :

A première vue, il vaut mieux être qualifié de gourmand que de goinfre ou de glouton. Mais qu'en est-il de cet individu qui n'a pas les moyens de se nourrir convenablement et qui face aux mets, fait fi de toutes les règles de bienséance et mange avec avidité et trop d'impatience parce que son estomac crie famine ?

Je suis tombée sur cette page Facebook : pour que la gourmandise soit enlevée de la liste des Péchés Capitaux. J'ai ri. Après tout, il s'agit d'un péché plutôt mignon. Puis, j'ai eu une pensée pour toutes ces personnes qui aiment manger en quantité les bonnes choses parce qu'elles ne peuvent s'en empêcher et qui en souffrent. Où commence la boulimie et où s'arrête la gourmandise ? Une autre pensée pour ceux qui tombent dans l'excés et qui, au fil du temps, se retrouvent emprisonnés dans un corps qu'ils ne reconnaissent plus, qu'ils n'acceptent plus. Elle : j'ai tout essayé. Tous les régimes. Rien ne fonctionne. Je fais du sport pourtant. Moi : tu n'es pas suffisamment assidue. Tu devrais faire beaucoup plus de sport et manger plus sainement. Tu es trop gourmande. C'est une question de volonté. Dans mon cas, ça a marché. Elle : je ne suis pas dans ton cas. Ce n'est pas aussi facile que tu ne le crois. A la réflexion, ma remarque était bel et bien stupide. J'ai pris mon cas pour une généralité.

Enfin, il y a cette personne qui souffre d'anorexie. Ses proches aimeraient tellement pouvoir la qualifier de gourmande. Et n'oublions pas cette jeune fille dont le souhait est de percer dans le mannequinat. Elle est gourmande mais chut, c'est un secret et surtout c'est un fruit défendu. Les codes de la mode ne le permettent pas. Elle a vendu son corps à la société. Vous la trouverez au numéro 34 de la rue 175.

Ce que je retiens des enseignements de Thomas d'Aquin c'est qu'il faudrait manger avec modération. Mais comme l'a si bien dit Pascal : vérité en deça des Pyrénées, erreur au delà. Alors restons plutôt modérés dans nos propos. Mais ce n'est pas tout car ...

Le raisin

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Julkusiowa

J'ai appris que j'étais foutue je courais à ma perte en cumulant tous les travers listés par Thomas le rabat-joie le philosophe. Ce n'est pas grave, je suis sûre qu'il existe un paradis pour les personnes comme moi avec des maisons en pain d'épice, des rivières de bonbons et des autoroutes de Nutella. Voici ma confession :

Praepropere ou mangé trop tôt : j'ai des points commun avec la souris. Je me réveille la nuit pour grignoter. J'ai toujours une tablette de chocolat noir aux noisettes entières et sept boîtes de Mikado qui traînent dans mon tiroir.

Laute ou mangé trop coûteux : j'ai des goûts de luxe. J'aime les huîtres, le champagne, le foie gras (ce moment gênant où je me fais houspiller par tous les défenseurs des animaux), les langoustes, les grandes marques de chocolat, les restaurants gastronomiques et le thé de chez Mariage Frères (aux amateurs de thé, cliquez ici : L'Enchanté). Plaît-il ? Non, je n'ai pas gagné au loto. Pourquoi ?

Nimis ou mangé trop : je ne mange pas énormément mais je mange ce qu'il faut. Au restaurant, je fais souvent l'impasse sur la moitié de mon entrée et de mon plat de résistance et je me réserve pour le dessert. D'ailleurs, je prends systématiquement un dessert. J'aurais la désagréable impression de louper quelque chose d'important sinon.

Ardenter ou mangé avec trop d'impatience : je ne suis pas d'accord sur ce point car vois-tu cher Thomas, on dit de moi que je suis épicurienne. J'apprécie ce que je mange même si parfois l'impatience me gagne et que je mange la moitié de la pâte à crumble avant l'heure.

Studiose ou mangé avec trop de goût : je ne mange pas pour vivre. Je vis pour manger. Comme stipulé au point précédent, je savoure mes plats pour faire durer le plaisir. Et puis, j'ai cette étrange manie qu'autrui ne comprend pas et qui consiste à prendre en photo tous les plats que je mange et à les diffuser sur tous les réseaux sociaux parce que, parce que heu ... parce que.

Mais cher Thomas, tu as oublié quelques points importants qui n'existaient pas à l'époque. Sache que je possède une trentaine de livres de cuisine. Je cuisine de temps en temps mais j'aime feuilleter ces ouvrages et saliver devant les jolies images. De plus, je n'aime pas ce moment où autrui se permet de piquer dans mon dessert parce que cela réduit considérablement ma part. Ce moment gênant où tu te retrouves avec à peine une bouchée de ce fabuleux cheesecake [vécu]. Un dîner presque parfait, Top Chef et Masterchef font parties de mes émissions favorites. Cyril Lignac est mon héros et je sais qui est Julie Andrieu. Je m'endors devant Cuisine + et le mois dernier, mes points de fidélité Casino m'ont permis de choisir un présent. J'ai opté pour un magnifique cuiseur-vapeur de la marque SEB.

Mais autrui est au courant de ma gourmandise et cela m'a parfois joué des tours. Alors que j'étais invitée chez une amie. Elle me préparait un plat de pâte beaucoup beaucoup trop épicé et m'en servit une énorme ration : je sais que tu es gourmande. Fais toi plaisir. Mange. Alors pour lui faire plaisir et pour éviter de lui faire de la peine, je m'exécutais et je rentrais chez moi la bouche en feu et l'estomac en compote. Je fus malade pendant trois jours ...

Et toi qui me lis, es-tu de l'Ecole de Thomas d'Aquin ou de celle des ventres sur pattes ?

La Gourmandise, ce péché mignon ?

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