De mon incapacité à exprimer ma colère à autrui !
Des Sept Péchés Capitaux, chapitre 5 : la colère. Aujourd'hui, point de définition car ce mot ne porte guère à confusion. Je pense que tout le monde connaît les tenants et les aboutissants de ce sentiment qu'est la colère. Mon ami Larousse a donc pris sa journée. Il en profite pour paresser dans la bibliothèque et draguer les jolies encyclopédies au côté de son ami Robert. Point de définition mais une jolie citation de Sacha Guitry pour commencer : "je ne me mets jamais en colère car je m'aime trop pour me mettre hors de moi". Quel humour ce Sacha !
Blague à part, je me reconnais dans cette citation dans la mesure où j'ai cette capacité à ne pas manifester publiquement ma colère. Par lâcheté ? Non. J'ai horreur des conflits alors je fuis mais je n'en pense pas moins. Bon, je reconnais que cela peut être considéré comme une forme de lâcheté. Par ailleurs, je n'aime pas les débats parce que, la plupart du temps, ils dégénèrent en règlement de comptes peu constructifs. Et plutôt que de pester derrière mon écran ou de m'enflammer devant autrui, j'opte pour la facilité qui est la passivité. Voici ce qu'autrui pense de moi. De manière générale : Caramel Mou, tu es une force tranquille. Les anciens collègues : Caramel Mou, tu es une personne apaisante et c'est très agréable de travailler avec toi. Les amis : il nous est franchement impossible de nous disputer avec toi parce que tu ne réagis pas en retour. Tu es tellement peace and love. Les rares amours : tu es cool et facile à vivre. Les rabats-joie : tu es timide et puis trop bon, trop con. Ma maman : tu es douce comme un bonbon (#interdictionderigoler). CERTES mais comment vous dire, en réalité, je suis Lady Gaga : POKER FACE. Je bous intérieurement et ça ne se voit pas. Plaît-il ? Non, cette colère ne me ronge pas de l'intérieur parce que j'ai développé trois stratégies pour contourner le problème :
- Je sombre dans un mutisme profond : d'une part, je n'ai plus envie de converser avec le bachibouzouk qui m'a mise en colère car ce serait faire preuve d'hypocrisie et j'évite de faire subir aux autres ce dont je n'aime pas être victime moi-même. D'autre part, j'espère secrètement que mon mutisme obligera autrui à se remettre en question, à prendre conscience de ses torts et à venir m'interroger sur les raisons de mon silence. Le hic ? Cette stratégie se solde par un échec la plupart du temps car je ne tiens pas le rythme sur la longueur (traduction : j'ai la mémoire d'un poisson rouge). De plus, autrui ne se rend compte de rien du tout. Forcément, il comprend vite mais il faut lui expliquer longtemps et comme je n'explique rien, ma colère se perd.
- Je ne fais pas de scandale, je relate les faits ... à la mauvaise personne : je mets mes proches à contribution et je m'énerve par procuration (traduction : je râle). Tu ne devineras jamais ce que machin m'a fait. C'est scandaleux. Mais quel boulet. Je suis trop venere. Mais comment je suis trop venere [bla bla bla]. Et pourquoi tu ne lui dis pas directement ? Mais c'est ce que je vais faire. Mais j'y vais de ce pas. Il va comprendre sa douleur [bla bla bla]. Oh et puis non, à quoi bon, il m'énerve trop. Avantage. C'est une démarche libératrice. Je me sens relativement mieux après. Inconvénient. Je déplace ma colère et le bachibouzouk n'est toujours pas au courant.
- Je m'épanche sur les réseaux sociaux : je rédige des statuts qui en disent long sur mon état d'esprit. J'use d'un langage métaphorique qui fait que le bachibouzouk ne risque pas de se reconnaître. Et quand mes proches m'interrogent, je réponds : inbox ma chérie ! Inbox. Ma colère s'exprime à travers les mots. Ensuite, j'ai mauvaise conscience et je supprime mon statut. Décidément, le bachibouzouk dormira encore plus bête qu'il ne l'est ce soir.
Et comme je suis incurable, j'ai décidé de vous faire part de deux ou trois faits qui alimentent ma colère. Je transforme momentanément ce blog en bureau des plaintes :
- Entre hier et aujourd'hui, je me suis désabonnée de deux pages (ce moment gênant où tout le monde devient parano). Deux blogueurs dont les textes me plaisaient pourtant beaucoup m'ont irritée. Le premier de par sa stratégie d'abonnement de masse qui m'horripile : je m'abonne de manière intempestive aux pages de tous tes abonnés et à celles des abonnés de tes abonnés ainsi qu'à celle des abonnés des abonnés de tes abonnés et ainsi de suite à l'infini et sans en connaître le contenu [véridique]. Personne ne me fera croire que cette personne, fraîchement arrivée, s'est penchée sur plus de 2000 blogs en moins de 72 heures. Je me suis mise en colère parce qu'il s'agit d'un comportement intolérable. Le talent ne fait pas tout. Il y a l'art et la manière. Cette plateforme est avant tout un lieu d'échange et de partage, pas le plus court moyen pour flatter son ego et devenir célèbre. Je ne suis pas un mouton ni un pion. Le deuxième blogueur dénigrait systématiquement ses lecteurs au fil de ses textes. Ma relative susceptibilité a fait que je me suis désabonnée. NA et pouet pouet camembert.
- Je n'aime pas quand autrui éprouve le désir de goûter. Autrement dit quand autrui pique dans mon assiette, boit dans mon verre ou croque dans mon sandwich. J'ai un petit côté maniaque qui s'exprime de manière étrange. Le pire c'est qu'autrui n'est pas au courant et que je n'ose pas dire non (comment expliquer à autrui que non, il n'a pas la peste c'est juste que je n'aime pas ça). Alors je cesse automatiquement et de manière subtile de manger ou de boire : vas y je te l'offre. Si, si, si, j'insiste. Je n'ai plus faim de toute façon.
- Avant hier, dîner de famille. J'étais assise à la droite de mon tonton boulet. Ce qu'il faut savoir c'est que mon tonton boulet s'exprime très fort (traduction : à tendance à me crier dans l'oreille), monopolise systématiquement la parole et postillonne. J'ai passé la soirée à ruminer et à tenter de positionner mon plat et mon verre de manière à ce qu'ils soient protégés de l'averse. A un moment donné, j'ai demandé à changer de verre. Mais comment lui dire sans le vexer ?
- Enfin, je fais souvent pour autrui ce qu'il n'est pas prêt à faire pour moi. Il y a quelques temps, j'ai demandé un service minime à deux / trois amis (l'un après l'autre) : pouvez-vous s'il vous plaît récupérer une montre et un collier que j'ai oubliés chez un ami qui habite à l'étranger et qui se trouve en ce moment à Paris. Cela me rendrait bien service ? Et puis, je vous reverrai probablement dans quelques mois pour les récupérer. Je vous file son numéro ? Réponse : heu non, j'ai une semaine très très très très chargée. Cela ne va pas être possible. Au détenteur de mes biens en vacances à ce moment là : je te file le numéro de mes amis pour que tu ailles leur remettre ma montre et mon collier ? Heu non, je préfère qu'ils le fassent. Heu ça va, je ne vous ai pas non plus demandé de m'organiser un enterrement de vie de jeune fille ou de traverser la Manche. Merci les amis. C'est très sympa. Notez que moi je l'aurais fait même à 3h du matin. NB : je n'ai toujours pas récupéré ma montre ni mon collier. Cela va faire plus d'un an. Son détenteur n'a jamais pris la peine de les poster malgré mes rappels et quand ils ont en eu l'occasion, mes amis n'ont pas pris la peine de récupérer ses objets qui me tiennent à coeur. Great. De toute façon, c'est Caramel Mou, elle ne nous en tiendra pas rigueur. Elle est tellement gentille ...
Sur ces bonnes paroles, cher lecteur, je t'octroie le droit d'exprimer ta colère. Sens toi libre de râler, de pester, de t'énerver ou de faire passer un message à tous les bachibouzouk qui t'irritent et qui ne le savent pas.