J'ai testé pour vous ... un sport !
Aujourd'hui, j'ai envie d'aller au Brésil. La téléportation instantanée n'étant pas dans mes cordes (mais je sais lire dans les pensées), j'ai décidé de vous y emmener par procuration en vous faisant découvrir un des aspects les plus créatifs de la culture brésilienne. J'ai remarqué (#fineobservatrice) que tout le monde, il teste toujours pleins de choses sur la blogosphère ce qui, souvent, me permet de dormir moins bête le soir et de lever des doutes sur la qualité de tel ou tel produit / service. Alors, en plus de vous emmener au Brésil, j'ai envie de vous rendre la pareille et j'ai testé pour vous ... un sport (ce moment gênant où tout le monde part en courant). Si je vous dis Brésil et je vous dis sport, vous me dîtes ? Et si je rajoute beaux gosses, vous restez ?
Sans transition, j'ai testé pour vous ... la capoeira. Voici mon histoire :
Il y a un an, j'étais en Colombie, et il y a un an, je réalisais un vieux rêve (vous savez la liste des choses à réaliser avant de mourir) en prenant option Capoeira (oui, j'avais des cours très intéressants). Bon, c'était de l'ordre de crédit 0,5. Je vous rassure, même si je l'ai validé, ce cours ne représentait pas un intérêt vital dans le processus d'obtention de mon diplôme. De toute façon, les choses vitales m'ennuient. Pour l'anecdote, j'ai aussi pris option Yoga (et danse indienne et danse latino).
Pour le côté wiki, la capoeira c'est cet art martial afro-brésilien qui puise ses racines dans les méthodes de combat et les danses des peuples africains du temps de l'esclavage au Brésil. Elle se distingue des autres arts martiaux par son côté ludique et souvent acrobatique. Dans la pratique, c'est ce à quoi s'adonnent ces personnes étranges que vous apercevez le plus souvent dans les parcs ou sur la plage : elles forment un cercle, se tortillent et sautent dans tous les sens, chantent et jouent de la musique. Et vous, vous observez, de loin et d'un air dubitatif. A ma connaissance, il existe deux types de capoeira : Angola (original, traditionnel, fidèle aux coutumes ancestrales et sans relation aucune avec le pays du même nom) et Regional (modernité, spectacle et introduction de nouvelles techniques de combat jugées plus efficace). Caramel Mou a pratiqué la capoeira Angola.
C'est la rentrée et le jour tant attendu arrive. Je me pointe devant la salle. J'observe les mouvements que font les participants du cours précédent. Je prends peur. Je me dégonfle. Je fais demi-tour. Je me désinscris et je prends option Yoga à la place. Fin de l'histoire ? Fort heureusement, une année compte deux semestres. Je me réinscris donc le semestre suivant et cette fois-ci, je prends mon courage à deux mains et je rentre dans la salle.
Nous sommes peu nombreux. Saperlipopette ! Ma nullité n'en sera que plus apparente. Dès l'échauffement, je me suis rendu compte du fait que cet art requiert d'être en excellente condition physique. Il y a énormément de déplacements au sol et à mi hauteur. Honorable lecteur, si tu n'as pas fait de sport depuis de nombreuses années, que tu es complétement rouillé mais que tu souhaites reprendre une activité, ne commence pas par la capoeira. A titre personnel, j'ai une condition physique plutôt moyenne. Je fais du sport (cardio) régulièrement et ce, depuis de nombreuses années (au moins deux fois par semaine) mais j'ai malheureusement un problème d'endurance. Mon cours de capoeira qui s'étendait sur tout de même 1h30 était très intense. C'est simple, le corps est tout le temps en mouvement. Par ailleurs, cet art demande souplesse, agilité et sens de l'équilibre (merci l'option Yoga). Il existe plusieurs positions assez improbables :
Confession : j'ai peur de faire le poirier. Je vous laisse imaginer mon angoisse permanente à l'idée de me retrouver la tête en bas. Enfin, la capoeira vous apprend à développer votre sens de l'écoute. Cet art se pratique en duo. Voyez-vous, cela n'a aucun intérêt de se battre tout seul. La capoeira est un échange. Il vous faut écouter l'autre (au sens figuré), anticiper ses mouvements afin de pouvoir lui répondre de manière adéquate. Il n'existe aucun calcul. La spontanéité est de mise. Le prof ne s'appelle pas Kamel Ouali, il vous apprend juste à exécuter les mouvements de base et puis en voiture Simone.
Mais, on ne vous dit pas tout. La capoeira est un art complet et un bon capoeiriste sait tout faire. Autrement dit, il sait chanter et jouer d'un ou plusieurs instruments. Voyez-vous, pendant la Ronde dite aussi Rueda, quand on est pas occupé à faire des galipettes en plein milieu, on en demeure pas pour autant inactif. On chante, on joue d'un instrument et on encourage ses pairs. Ce moment gênant où le prof décide de passer à la pratique : maintenant, on chante. Hein ? C'était prévu ça ? Ah oui, c'était écrit en tout petits caractères sur le programme. Cet autre moment gênant où le prof veut respecter la tradition orale, vous dit qu'il n'existe pas de paroles écrites, qu'il faut écouter et reproduire ce qu'il dit et qu'il faut chanter chacun à son tour (en fait, c'est super qu'on soit peu nombreux). Dernier détail : le tout en portugais. Ce n'est pas comme si j'étais en Colombie , que je parlais espagnol et que je n'avais aucune notion de portugais. Après avoir étouffé deux ou trois fous rires, je me suis lancée dans ma carrière musicale avec joie et bonne humeur. Après tout, je suis là pour m'amuser. Après le chant, l'un des instruments phares de la capoeira : le berimbau OU comment galérer à maintenir cet instrument en équilibre d'une seule main et avec une pièce de monnaie (ou une pierre, cela dépend) entre les doigts OU comment se faire un crampe au petit doigt. Observez plutôt :
Le berimbau est un instrument en apparence très simple mais difficile à appréhender. Le plus complexe reste de pouvoir jouer et chanter en même temps. Caramel Mou n'y arrive pas : la lose internationale. Je pense qu'à force de pratique, on arrive parfaitement à allier chant, danse et musique. Confession : après six mois de pratique, je n'arrivais toujours pas à retenir les paroles (comment voulez-vous que je retienne des paroles que je ne comprends pas ? FFFFFF), je ne maîtrisais toujours pas l'art de jouer du berimbau, je ne savais toujours pas faire un poirier digne de ce nom mais j'avais de moins en moins de courbatures.
En conclusion et paradoxalement, j'adore cet art élégant et hautement symbolique qu'est la capoeira (qui a dit que ma conclusion jurait avec mon billet ?). En dépit du fait que ce n'était pas le cours où j'ai fait preuve d'incroyables prouesses techniques ou artistiques (traduction : j'ai atteint le degrés zéro de la nullité), j'ai découvert un monde passionnant. En plus du chant, de la danse et de la musique, notre prof nous enseignait également l'histoire de cet art. J'ai investi dans mon propre berimbau (les agents Air France était ravis de voir arriver la bête) que je n'arrive toujours pas à accorder. Je n'ai malheureusement pas trouvé de club à Dakar (mais où se cachent-ils ?) et j'ai du interrompre mon apprentissage. La vie est trop injuste.
Question : vous ai-je donné l'envie de vous exercer à cet art ? Ce moment gênant où personne n'est convaincu ...